Maurice Merleau-Ponty citations célèbres

dernière mise à jour : 5 septembre 2024

other language: spanish | czech | german | french | italian | slovak | turkish | ukrainian | dutch | russian | portuguese

Maurice Merleau-Ponty
  • Parce que nous sommes dans le monde, nous sommes condamnés au sens, et nous ne pouvons rien faire ni rien dire sans qu'il acquière un nom dans l'histoire.

  • Nous ne savons pas par notre intellect mais par notre expérience.

  • Il faut donc redécouvrir, après le monde naturel, le monde social, non pas comme un objet ou une somme d'objets, mais comme un champ ou une dimension permanente de l'existence.

  • Le corps est notre médium général pour avoir un monde.

  • La parole n'est pas un moyen au service d'une fin extérieure. Il contient sa propre règle d'usage, d'éthique et de vision du monde, car un geste porte parfois toute la vérité sur un homme.

  • Je ne saurai jamais comment tu vois le rouge et tu ne sauras jamais comment je le vois. Mais cette séparation de conscience n'est reconnue qu'après un échec de communication, et notre premier mouvement est de croire en un être indivis entre nous.

  • Notre vision de l'homme restera superficielle tant que nous ne reviendrons pas à cette origine[ du silence], tant que nous ne trouverons pas, sous le bavardage des mots, le silence primordial, et tant que nous ne décrirons pas l'action qui rompt ce silence. la parole est un geste, et sa signification, un monde.

  • La vraie réflexion me présente à moi-même non pas comme une subjectivité oisive et inaccessible, mais comme identique à ma présence au monde et aux autres, comme je le réalise maintenant: je suis tout ce que je vois, je suis un champ intersubjectif, non pas malgré mon corps et ma situation historique, mais, au contraire, en étant ce corps et cette situation, et à travers eux, tout le reste.

  • Le monde n'est rien d'autre que "monde-en-tant-que-signification".

  • Nous devrions être sensibles au fil du silence à partir duquel le tissu de la parole est tissé.

  • Le monde phénoménologique n'est pas la mise à l'expression explicite d'un être préexistant, mais la pose de l'être. La philosophie n'est pas le reflet d'une vérité préexistante, mais, comme l'art, l'acte de faire naître la vérité.

  • La science manipule les choses et renonce à y vivre. Il fait ses propres modèles limités de choses; opérant sur ces indices ou variables pour effectuer toutes les transformations permises par leur définition, il ne se confronte au monde réel qu'à de rares intervalles. La science est et sera toujours cette façon de penser admirablement active, ingénieuse et audacieuse dont le parti pris fondamental est de traiter tout comme si c'était un objet-en général-comme si cela ne signifiait rien pour nous et pourtant était prédestiné à notre propre usage.

  • Montaigne [met] non pas une compréhension satisfaite de soi mais une conscience étonnée d'elle-même au cœur de l'existence humaine.

  • Notre corps n'est pas dans l'espace comme les choses; il habite ou hante l'espace. Il s'applique à l'espace comme une main à un instrument. Et lorsque nous souhaitons nous déplacer, nous ne déplaçons pas le corps comme nous déplaçons un objet.

  • Comme le tisserand, l'écrivain travaille du mauvais côté de sa matière. Il n'a que faire de la langue, et c'est ainsi qu'il se retrouve soudain entouré de sens.

  • Lichtenberg ... tenait quelque chose du genre suivant: il ne faut ni affirmer l'existence de Dieu ni la nier. ... Ce n'est pas qu'il souhaitait laisser certaines perspectives ouvertes, ni plaire à tout le monde. C'est plutôt qu'il s'identifiait, pour sa part, à une conscience de soi, du monde et des autres qui était "étrange" (le mot est le sien) dans un sens qui est également bien détruit par les explications rivales.

  • Comprendre, c'est expérimenter l'harmonie entre ce que l'on vise et ce qui est donné, entre l'intention et la performance - et le corps est notre ancrage dans le monde.

  • Je découvre la vision, non pas comme une "pensée de voir" , pour reprendre l'expression de Descartes, mais comme un regard aux prises avec un monde visible, et c'est pourquoi pour moi il peut y avoir le regard d'un autre.

  • Mes propres mots me prennent par surprise et m'apprennent quoi penser.

  • C'est une grande chance, comme disait Stendhal, pour quelqu'un "d'avoir sa passion comme métier.

  • [Le corps sensible possède] un art d'interroger le sensible selon ses propres désirs, une exégèse inspirée

  • Le nombre et la richesse des signifiants de l'homme dépassent toujours l'ensemble des objets définis que l'on pourrait appeler signifiés. La fonction symbolique doit toujours précéder son objet et ne rencontre la réalité que lorsqu'elle la précède dans l'imaginaire...

  • Je vis dans les expressions faciales de l'autre, comme je le sens vivre dans la mienne.

  • L'existence imprègne la sexualité et vice versa, de sorte qu'il est impossible de déterminer, dans une décision ou une action donnée, la proportion de motivations sexuelles par rapport à d'autres motivations, impossible d'étiqueter une décision ou un acte "sexuel" ou "non sexuel". Il n'y a pas plus de dépassement de la sexualité qu'il n'y a de sexualité enfermée en elle-même. Personne n'est sauvé et personne n'est totalement perdu.

  • Le monde perçu est le fondement toujours présupposé de toute rationalité, de toute valeur et de toute existence.

  • La chair est au cœur du monde.

  • Le monde l'est... le cadre naturel et le champ de toutes mes pensées et de toutes mes perceptions explicites. La vérité n'habite pas seulement l'homme intérieur, ou plus exactement, il n'y a pas d'homme intérieur, l'homme est dans le monde, et ce n'est que dans le monde qu'il se connaît.

  • Rien ne me détermine de l'extérieur, non pas parce que rien n'agit sur moi, mais, au contraire, parce que je suis dès le départ extérieur à moi-même et ouvert sur le monde.

  • C'est l'essence de la certitude de ne s'établir qu'avec des réserves.

  • Visible et mobile, mon corps est une chose parmi les choses; il est pris dans le tissu du monde, et sa cohésion est celle d'une chose. Mais, parce qu'il se déplace et voit, il tient les choses en cercle autour de lui.

  • Toute pensée de quelque chose est en même temps conscience de soi [...] À la racine de toutes nos expériences et de toutes nos réflexions, nous trouvons [...] un être qui se reconnaît immédiatement, [...] et qui connaît sa propre existence, non par observation et comme un fait donné, ni par inférence à partir d'une idée de lui-même, mais par contact direct avec cette existence. La conscience de soi est l'être même de l'esprit en action.

  • Étant établi dans ma vie, étayé par ma nature pensante, attaché dans ce champ transcendantal qui m'a été ouvert par ma première perception, et dans lequel toute absence n'est que l'avers d'une présence, tout silence une modalité de l'être sonore, je jouis d'une sorte d'ubiquité et d'éternité théorique, je me sens destiné à me déplacer dans un flux de vie sans fin, dont je ne peux expérimenter ni le début ni la fin en pensée, puisque c'est mon moi vivant qui y pense, et puisque ainsi ma vie précède et se survit toujours.

  • Demander une explication, c'est expliquer l'obscur par le plus obscur.

  • C'est la mission du XXe siècle d'élucider l'irrationnel.

  • Machiavel est le contraire complet d'un machiavélique, puisqu'il décrit les astuces du pouvoir et donne tout le spectacle. Le séducteur et le politicien, qui vivent dans la dialectique et en ont le sentiment et l'instinct, font de leur mieux pour la garder cachée.

  • Le philosophe se demandera ... si la critique que nous proposons maintenant n'est pas la philosophie qui pousse à bout cette critique des faux dieux que le christianisme a introduite dans notre histoire.

  • La pensée qui déplace, ou définit autrement, le sacré a été appelée athée, et cette philosophie qui ne le place pas ici ou là, comme une chose, mais à la jonction des choses et des mots, sera toujours exposée à ce reproche sans jamais en être touchée.

  • Socrate nous rappelle que ce n'est pas la même chose, mais presque le contraire, de comprendre la religion et de l'accepter.

  • La théologie ne reconnaît la contingence de l'existence humaine que pour la dériver d'un être nécessaire, c'est-à-dire pour l'enlever. La théologie n'utilise l'émerveillement philosophique que dans le but de motiver une affirmation qui la termine. La philosophie, au contraire, nous éveille à ce qui est problématique dans notre propre existence et dans celle du monde, à un point tel que nous ne serons jamais guéris de la recherche d'une solution.

  • Notre propre corps est dans le monde comme le cœur est dans l'organisme: il maintient constamment vivant le spectacle visible, il lui insuffle la vie et le soutient intérieurement, et avec lui forme un système.

  • Même ceux qui ont voulu élaborer une philosophie complètement positive n'ont été philosophes que dans la mesure où, en même temps, ils ont refusé le droit de s'installer dans la connaissance absolue. Ils n'enseignaient pas cette connaissance, mais son devenir en nous, non pas l'absolu mais, tout au plus, notre relation absolue avec elle, comme le disait Kierkegaard. Ce qui fait un philosophe, c'est le mouvement qui ramène sans cesse de la connaissance à l'ignorance, de l'ignorance à la connaissance, et une sorte de repos dans ce mouvement.

  • Mon emprise sur le passé et l'avenir est précaire et ma possession de mon propre temps est toujours reportée à un stade où je pourrai le comprendre pleinement, mais ce stade ne peut jamais être atteint, car ce serait un moment de plus délimité par l'horizon de son avenir, et nécessitant à son tour de nouveaux développements pour être compris.

  • Le corps est à comparer, non pas à un objet physique, mais plutôt à une œuvre d'art.

  • Tout le monde est seul et pourtant personne ne peut se passer des autres, pas seulement parce qu'ils sont utiles... mais aussi quand il s'agit de bonheur.

  • L'enfant vit dans un monde qu'il croit sans hésitation accessible à tout ce qui l'entoure.

  • Par principe, l'humanité est précaire: chaque personne ne peut croire que ce qu'elle reconnaît être vrai intérieurement et, en même temps, personne ne pense ou ne se décide sans être déjà pris dans certaines relations avec les autres, ce qui l'amène à opter pour un ensemble particulier d'opinions.

  • Le sens complet d'une langue n'est jamais traduisible dans une autre. Nous parlons peut-être plusieurs langues mais l'une d'elles reste toujours celle dans laquelle nous vivons. Pour assimiler complètement une langue, il faudrait faire sien le monde qu'elle exprime et on n'appartient jamais à deux mondes à la fois.

  • Je ne suis pas devant mon corps, je suis dedans ou plutôt je le suis... Si l'on peut encore parler d'interprétation par rapport à la perception de son propre corps, il faudra dire qu'il s'interprète lui-même.

  • Le monde l'est... le cadre naturel et le champ de toutes mes pensées et de toutes mes perceptions explicites.

  • La pensée sans langage, dit Lavelle, ne serait pas une pensée plus pure; ce ne serait rien de plus que l'intention de penser. Et son dernier livre propose une théorie de l'expressivité qui fait de l'expression non pas "une image fidèle d'un être intérieur déjà réalisé, mais le moyen même par lequel il est réalisé.