Michel de Certeau citations célèbres

dernière mise à jour : 5 septembre 2024

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Michel de Certeau
  • D'abord, s'il est vrai qu'un ordre spatial organise un ensemble de possibilités (par exemple, par un lieu dans lequel on peut se déplacer) et d'interdictions (par exemple, par un mur qui empêche d'aller plus loin), que le promené actualise certaines de ces possibilités. De cette façon, il les fait exister et émerger. Mais il les déplace aussi et il en invente d'autres, puisque la traversée, la dérive ou l'improvisation de la marche privilégient, transforment ou abandonnent des éléments spatiaux.

  • Le malade est emporté par l'institution qui prend en charge non pas l'individu, mais sa maladie, objet isolé transformé ou éliminé par des techniciens dévoués à la défense de la santé comme d'autres sont attachés à la défense de l'ordre ou de la propreté.

  • Le malade doit suivre sa maladie jusqu'à l'endroit où elle est traitée. Il est mis de côté dans l'une des zones techniques et secrètes (hôpitaux, prisons, décharges) qui soulagent le vivant de tout ce qui pourrait entraver la chaîne de production et de consommation, et qui réparent et sélectionnent ce qui peut être renvoyé à la surface du progrès.

  • En première approximation, je définis la croyance non pas comme l'objet de croire (un dogme, un programme, etc.) mais comme l'investissement du sujet dans une proposition, l'acte de la dire et de la considérer comme vraie.

  • Les organisations politiques se sont lentement substituées aux Églises comme lieux de pratiques croyantes. La politique est redevenue religieuse.

  • Plus que sa transparence utilitaire et technocratique, c'est l'ambivalence opaque de ses bizarreries qui rend la ville vivable.

  • New York n'a jamais appris l'art de vieillir en jouant sur tous ses passés. Son présent s'invente, d'heure en heure, dans l'acte de jeter ses réalisations antérieures et de défier l'avenir. Une ville composée de lieux paroxystiques en reliefs monumentaux.

  • La ville-panorama est un simulacre "théorique" (c'est-à-dire visuel), bref une image, dont la condition de possibilité est un oubli et une incompréhension des pratiques.

  • Les lieux sont des histoires fragmentaires et repliées sur elles-mêmes, des passés que les autres n'ont pas le droit de lire, des temps accumulés qui peuvent être déroulés mais comme des histoires tenues en réserve, restant dans un état énigmatique, des symbolisations enkystées dans la douleur ou le plaisir du corps. "Je me sens bien ici" : le bien-être sous-exprimé dans la langue dans laquelle il apparaît comme une lueur fugace est une pratique spatiale.

  • Une absence de sens ouvre une brèche dans le temps.

  • La marche des passants offre une série de virages et de détours qui peuvent être comparés à des "tournures de phrases" ou à des "figures de style"."Il y a une rhétorique de la marche. L'art de "tourner" des phrases trouve un équivalent dans un art de composer un chemin.

  • Ils deviennent des espaces libérés qui peuvent être occupés. Une riche indétermination leur donne, au moyen d'une raréfaction sémantique, la fonction d'articuler une seconde géographie poétique au-dessus de la géographie du sens littéral, interdit ou permis. Ils insinuent d'autres voies dans l'ordre fonctionnaliste et historique du mouvement. La marche les suit :" Je remplis ce grand espace vide d'un beau nom.'

  • On est socialiste parce qu'on en était un, on n'allait plus aux manifestations, aux réunions, on envoyait ses cotisations, bref, sans payer.

  • Avec l'homme paresseux... le mourant est l'homme immoral: le premier, un sujet qui ne fonctionne pas; le second, un objet qui ne se rend même plus disponible pour être travaillé par d'autres.

  • La seule liberté censée être laissée aux masses est celle de brouter la ration de simulacres que le système distribue à chaque individu.

  • Marcher, c'est manquer de place.

  • Pratiquer l'espace, c'est donc répéter l'expérience joyeuse et silencieuse de l'enfance; c'est, dans un lieu, être autre et aller vers l'autre...Kandinsky rêvait :" une grande ville construite selon toutes les règles de l'architecture puis soudainement secouée par une force qui défie tout calcul.

  • Les médias transforment le grand silence des choses en son contraire. Constituant autrefois un secret, le réel parle désormais constamment. Les reportages, les informations, les statistiques et les enquêtes sont partout.

  • Marcher, c'est manquer de place. C'est le processus indéfini de l'absence et de la recherche d'un propre.

  • Un lieu est l'ordre (de quelque nature que ce soit) en accord avec lequel les éléments sont répartis dans des relations de coexistence. Cela exclut donc la possibilité que deux choses se trouvent au même endroit (lieu). La loi du "propre" régit le lieu: les éléments pris en considération sont les uns à côté des autres, chacun situé dans son propre emplacement "propre" et distinct, un emplacement qu'il définit. Un lieu est donc une configuration instantanée de positions. Cela implique une indication de stabilité.

  • C'est comme si les pratiques organisant une ville animée étaient caractérisées par la cécité [des praticiens de la ville, des citoyens ordinaires]. Les nœuds de ces écritures mouvantes et entrecroisées composent une histoire multiple qui n'a ni auteur ni spectateur, façonnée à partir de fragments de trajectoires et d'altérations d'espaces: par rapport aux représentations, elle reste quotidienne et indéfiniment autre.

  • L'ordre créé est partout perforé et déchiré par des ellipses, des dérives et des fuites de sens: c'est un ordre-tamis.

  • En vieillissant, Aristote, qui n'est généralement pas considéré comme un danseur de corde raide, aimait se perdre dans le plus labyrinthique et subtil des discours […]. "Plus je deviens solitaire et isolé, plus j'aime les histoires", a-t-il déclaré.

  • La vie quotidienne s'invente en braconnant d'innombrables façons sur la propriété d'autrui.

  • La trace laissée est substituée à la pratique. Il présente la propriété (vorace) que possède le système géographique de pouvoir transformer l'action en lisibilité, mais ce faisant, il fait oublier une manière d'être au monde.

  • Il semble ainsi possible de donner une définition préliminaire de la marche comme espace d'énonciation.

  • Un souvenir n'est qu'un Prince Charmant qui reste juste assez longtemps pour réveiller les Beautés endormies de nos histoires sans paroles.